La Gloire du Seigneur
les enveloppa de sa Lumière» (Ps 35,8 )
Abbaye de Cîteaux, Janvier 2019
Chers amis !
Cette Gloire lumineuse qui a enveloppé les bergers le soir de Noël est la lumière éblouissante de l’amour de notre Dieu, si grand que pour sauver notre humanité plongée dans les ténèbres du péché, il s’offre à nous comme un petit enfant. Dans cette lumière invisible se puise sans fin la confiance en Sa Victoire, pour établir notre vie du côté de sa grâce et non plus de notre misère ! Voilà mon vœu pour chacun en cette nouvelle année 2019 !
J’aime cette traditionnelle lettre de début d’année pour vous donner des nouvelles à tous. Changer de paroisse, c’est aussi quitter tout un réseau de relations, une saine distance étant nécessaire pour l’accueil de leur nouveau pasteur… Le célibat est alors plus éprouvant, mais un bon atout pour me tourner vers mes nouveaux paroissiens. L’amitié est sans doute un de mes bien les plus précieux pour la fidélité au don de ma vie : il faut que vous le sachiez !
Certains l’ont senti, j’ai vécu une année difficile, et surtout épuisante. Devenir le curé d’une nouvelle paroisse, c’était un peu trop pour moi ! Ce n’est pas facile d’être responsable, serviteur de l’unité et de la croissance… surtout quand tout est nouveau ! Il y a tant d’appels, et si peu d’ouvriers ! Ma santé en a pâti… Heureusement, le père Théotime a été vraiment pour moi un frère joyeux et priant, même si nous n’avons pas les mêmes rythmes ni la même culture. La vie fraternelle dans un presbytère est toujours une consolation et un combat : là se joue la fécondité de notre mission. Priez pour vos prêtres ! Je rends grâce à Dieu pour les personnes extraordinaires que j’ai rencontrées à Gourdon, avec lesquelles j’ai pu tout de suite travailler efficacement et joyeusement. Petit à petit, je sens que la communauté se construit et grandit dans la ferveur et la charité. Il faut qu’elle puisse entraîner tous les habitants de nos 29 communes !
Aujourd’hui, si le défi reste immense, j’éprouve déjà la joie gratifiante du travail accompli. En novembre, nous avons accueilli notre évêque pour la première de ses visites pastorales dans le diocèse. Il est venu partager notre vie pendant 5 jours, rencontrer chaque paroissien, prier avec nous… Par sa simplicité et son attention, il nous a fait expérimenter l’amour très concret que Dieu nous porte, notamment lors de la présence sur le marché de Gourdon, la rencontre avec les élus, les visites dans les lieux de vie sociale, et toutes les célébrations dans les différents lieux de notre territoire. Nous en sommes ressortis enthousiasmés !
Trois grands moments m’ont marqué cette année. Pour la fête du St Sacrement, nous sommes montés jusqu’en haut de la butte qui domine toute la ville, avec les premiers communiants qui jetaient des pétales de fleurs devant le St Sacrement. Là, nous avons béni toute notre paroisse ! La force de cet événement, c’est d’avoir senti que Jésus est bien le cœur battant qui fait vivre notre terre, alors que le quotidien nous montre si souvent l’œuvre de l’esprit du monde dans notre société ! C’est le même esprit qui a soufflé sur la magnifique procession aux flambeaux sur le tour de ville de Gourdon pour la fête de l’Immaculée Conception : un peu comme le Peuple Hébreu a Jéricho, nous avons cerné la ville de nos lumières, en récitant notre chapelet… Enfin, les célébrations de Noël ont été remplies d’une très vive lumière qui a apporté chaleur et paix à tous ceux qui sont venus : Dieu est avec nous, pour nous. Nous sommes sauvés ! Cette lumière est si forte qu’elle illumine encore ma prière de chaque jour, transforme ma vie et ma foi, m’irradie… c’est incroyable. « Il y a bien plus de lumière dans la petite hostie de l’autel que dans le soleil ! »
Si le nombre de pratiquants habituels reste vraiment bas, ceux qui viennent régulièrement en vacances disent que la communauté est plus joyeuse, chante mieux… cela nous fait du bien ! J’ai surtout la joie de faire maintenant du caté 3 fois par semaine pour 14 enfants, et l’aumônerie a pu renaître avec 9 jeunes motivés. Leur soif de Dieu est tellement profitable au pasteur ! Enfin, nous venons en décembre de commencer un catéchisme pour adultes parce que plusieurs personnes en activité nous ont demandé de se rapprocher de la vie chrétienne : notre communauté attire et se renouvelle !
Une autre bonne nouvelle : la source miraculeuse du sanctuaire Notre Dame des Neiges avait été souillée. Nous l’avons nettoyée, et demandé à la mairie de l’analyser : nous pouvons maintenant assurer qu’elle est non seulement miraculeuse, mais aussi potable ! Nous allons pouvoir la distribuer abondamment autour de nous pour que Marie fasse des merveilles. Cette chapelle proche de la ville est le deuxième sanctuaire marial du Lot, où le Bienheureux Pierre Bonhomme aimait venir confesser. Nous y avons mis les confessions un samedi par mois.
Toutes ces joies – et tant d’autres ! – viennent rendre insignifiant à postériori le poids des difficultés. La véritable joie ne vient pas du succès que l’on doit au Seigneur, mais de recevoir la grâce de s’offrir avec Lui ; et plus cela coûte, plus la communion devient réelle, plus la joie est profonde. Ce chemin demande - exige ! -, d’être de plus en plus en communion les uns avec les autres. Je sais combien je dois cette année au soutien très fort de plusieurs, et à la confiance de beaucoup. Cette joie-là a un goût particulièrement savoureux, comme une petite expérience de la grande fête céleste ! Et je crois bien qu’elle est le secret de l’élan missionnaire : « malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ! » (1 Co 9,16) Je demande souvent à Jésus de ne pas perdre la richesse immense de l’expérience vécue aux vacances missionnaires de St Cirq Lapopie : notre terre, nos communautés et nos cœurs de disciples en ont tellement besoin !
Pour continuer de grandir dans ma vie de petit prêtre de Jésus-Christ, je mesure combien la priorité reste le combat si ardu pour garder coûte que coûte, au milieu d’une vie complètement sur-sollicitée, une vie de prière vraiment contemplative, sachant s’arrêter une heure complète juste pour savourer que Dieu est, que Jésus ressuscité vit en moi, être disponible à l’œuvre de l’Esprit, à l’écoute de la Parole de Vie ! Il y a aussi tout le travail autour de la lutte contre mon péché qui demande tant de patience et de persévérance. Comment puis-je être si lent à devenir meilleur alors que Dieu fait des choses si grandes dans ma vie ? Sans rien lâcher du désir de sainteté, je veux humblement utiliser des moyens efficaces de progresser. Enfin, je mesure mieux combien il faut vraiment bien se connaître pour arriver à se donner de manière efficace : mes talents et mes faiblesses, mes blocages et mes lieu de ressourcement… Une aventure qui parfois donne le vertige, mais la promesse d’un meilleur épanouissement pour moi et ceux qui me sont confiés !
Avec tout ça, mon ermitage avance, mais bien trop lentement. Il est enfin fermé, par un volet ! Mais le temps que j’y passe, souvent avec papa, reste très ressourçant, paisible et béni. Ma famille, toute orientée par la fin de vie éprouvante et magnifique de papi, se rassemble régulièrement pour célébrer la messe auprès de lui avec 3 servants ! Et moi, je fête joyeusement qu’enfin plus de la moitié de ma courte vie est consacrée à Jésus pour les hommes : je suis rentré au séminaire il y a 18 ans, j’avais 18 ans !
Les tiraillements de ce monde pâlissent devant la lumière de Dieu. La crise des révélations de prêtres accusés de pédophilie m’a surtout touché dans ma chair, broyé par ce sacerdoce devenu instrument de destruction d’êtres innocents. Mais la miséricorde sera toujours plus grande que le péché ! Je veux que mon cœur ne sache qu’être bon : voilà la victoire ! Quant au malaise profond de notre société, je suis plutôt heureux qu’il vienne au jour, et je pense que l’Eglise a bien plus de moyens pour le résoudre que toutes les autres forces en présence : au travail ! C’est le thème des JMJ au Panama : « Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole » …
La vie est trop intense pour ne pas la partager. Vivement le Ciel !!
Je demande à Jésus de vous bénir, de vous donner sa force et sa tendresse.
Priez pour moi. Je prie pour vous.
Père David +