Chers amis !
« Plus tu aimeras un être, plus il remplira ton cœur, plus tu te rendras compte qu’il y a de la place pour des milliers d’autres
». C’est vrai ! Et c’est bien pour ça que j’ai envie de vous écrire quelques lignes pour vous partager un peu de ma vie et garder le lien avec vous tous, mes amis de cette Terre…
Vivre peut se faire sans le savoir, comme quand les enfants se lèvent joyeusement de bon matin. Vivre peut aussi devenir une véritable mission, surtout au creuset de l’épreuve : mon papi me fait le grand cadeau de me l’apprendre à ses dépens avec beaucoup de sagesse, d’humilité et de patience… Mais vivre est pour moi surtout une passion, un élan à choisir, un traineau à chiens lancé à vive allure dont je veux apprendre à choisir la direction, dans l’espace de liberté qui m’est donné au milieu des contingences dont je ne suis pas le maître. Après tout, il y a des pilotes automobiles qui savent calculer à toute vitesse les pires virages ; et réussir ma vie vaut bien plus la peine qu’une course de voiture !
Je vais bien. Très bien ! J’aime, j’aime de plus en plus, j’aime avec maladresse, imparfaitement, mais avec passion, ténacité, et renouveau. Et j’aimerai tellement faire mieux !! Je peux même dire que je souffre bien moins de la solitude de mon célibat, que de ne pas avoir chaque jour de nouvelles personnes à écouter, accompagner, pardonner, vivre de compassion …
Construire ma vie personnelle est un véritable défi, pris dans l’étau de la surcharge de travail de curé ; et d’une nécessaire et délibérée présence disponible à tous : il ne reste pas grand-chose pour mon repos, la vie quotidienne, ma formation, mes passions et mes amis ! En 2016, mon ermitage n’a pas avancé d’un pouce, je n’ai pas encore réussi à apprendre un morceau assez bien pour vous jouer de ma harpe, et les petits travaux du presbytère mettent des mois à se réaliser ! Mais j’ai tenu de mon mieux mes nombreux rendez-vous quotidiens avec Jésus, je suis fidèle aux « sorties VTT du curé » paroissiales, et mon jardin a porté son fruit pour nos assiettes !
« Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves. » (Jc 1,2) Ce sont les premiers mots de Saint Jacques dans sa lettre : quel culot ! Et pourtant, c’est bien vrai : ma joie grandit, grandit, et grandit aussi de voir que ce n’est pas que la joie de celui pour qui tout va bien, mais aussi la joie de celui qui endure avec fidélité le poids des difficultés. Souvent, je dis au Seigneur qu’il n’est pas normal que je sois en paix et en bonne santé tandis que d’autres souffrent misère. Pourquoi le Seigneur me donnerait un traitement de faveur ? Comment tiendrais-je en face d’eux, Là-Haut, si je n’ai pas moi aussi un peu « trimé » ici-bas ? Pour mes 5 ans de sacerdoce, je me suis rendu à Rome, au Jubilé de la Miséricorde pour les prêtres, dire à Jésus que je l’aime et que je veux le servir, à « tout prix »… J’ai tellement besoin de son amour pour y arriver !
« Mon Père, il y a des saints dans votre paroisse ! » Cette parole correspond exactement à ma joie de pasteur. Voir ces âmes qui s’approchent de Dieu, grandissent dans la vie chrétienne, accueillent la grâce et la partagent : comment ne pas être heureux d’avoir tout donné pour eux ?
Le Jubilé de la Miséricorde a été le levier de cette année pour oser des projets paroissiaux jusqu’alors inimaginables : notre Festival Paroissial du 1er mai fut un des plus importants temps forts de ces dernières années, avec plus de 200 paroissiens de tous âges et des 24 communes de notre secteur. Quel dynamisme ! Mais plus fort encore fut la Mission Zachée qui a sillonné le territoire pendant 6 semaines pour que la statue de Notre Dame de Rocamadour puisse entrer dans le maximum de maisons possibles : que de rencontres, de prières, de découvertes, de rassemblements, de merveilles… une traînée de grâces prodigieuses dont la trace n’est pas prête de s’affadir : c’est signé Marie !
Je sens bien que ma joie d’être prêtre est de plus en plus ma joie d’être prêtre ici, alors même que c’est là que je peine le plus : oser, transpirer, recommencer, donner le meilleur de soi pour ceux qui me sont confiés et que je connais de mieux en mieux… « Que tous les habitants de nos villages puissent connaître la joie de ton Amour, et qu’ensemble nous célébrions ta Gloire » dit la prière que nous prions en relais chaque village un jour par mois dans notre secteur ! Vive ma paroisse, mon diocèse… Vive l’Eglise que j’aime tant !!
En même temps, ma charge s’agrandit avec des responsabilités nouvelles, à la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs (PRTL) en particulier, ce qui n’est pas sans lien avec la Mission à Saint Cirq Lapopie. Notre évêque veut faire avancer l’Evangile dans le monde, et il sait qu’il faut s’y atteler avec énergie ! J’ai même reçu, début janvier 2017, le titre de « curé de la paroisse quercynoise à Paris » : la capitale va donc m’apercevoir de temps en temps pour tous les lotois exilés et les amoureux de notre terre bénie … Priez pour que j’arrive à tout faire, et si possible bien !
Il faut que je vous dise combien votre amitié est véritablement ma « base arrière », le doux refuge où je puise la force de continuer cette mission que j’ai toujours su trop grande pour moi… Je me sens bien souvent comme le petit berger revêtu de l’armure de Saül pour affronter Goliath ! Merci pour tant de moments partagés, de délires, de prières, de surprises, de confiance et de gratuité ! J’en ai vraiment besoin ! Merci tout particulièrement à ceux qui ont bien compris qu’il fallait « aller le voir là-bas », à Limogne en Quercy, capitale du Réveillon Bien et autres rendez-vous simples, fervents et de toute façon « merveilleux » !!! Et ma joie grandit encore plus quand je vois que mes amis se marient et reviennent me voir… un peu plus nombreux !
Enfin, vous voulez peut-être une recette pour que 2017 soit plus beau que 2016 ? Le pape François nous donne un programme concret, réaliste et porteur d’une espérance ferme et joyeuse : « Nous sommes appelés à faire grandir une culture de la miséricorde, fondée sur la redécouverte de la rencontre avec des autres. […] Nous pouvons donner naissance à une véritable révolution culturelle, précisément à partir de la simplicité des gestes qui savent rejoindre le corps et l’esprit, c’est-à-dire la vie des personnes. […] La culture de la miséricorde s’élabore dans la prière assidue, dans l’ouverture docile à l’action de l’Esprit, dans la familiarité avec la vie des saints et dans la proximité concrète avec les pauvres[2]. » Au travail ! Et rappelez-vous : les saints, ce doit être nous !
« In Te, Domine, speravi : non confondar in Eternum[3] ! »
En toi, Seigneur, j’ai mis mon espérance : je ne serai pas confondu pour l’Eternité !
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